Huit mois à vivre et à coucher dehors, à se confronter et à s’endurcir, au soleil, au vent, au froid, à la pluie, sans autre cuirasse que les minces toiles de nos vêtements et de notre tente.

Huit mois de vie intense, dense, augmentée, comme si le temps s’y était épaissi. Une vie qui compte triple.

Huit mois sans se projeter, sans prévoir. Juste vivre l’instant présent. Regarder, sentir, s’imprégner, boire, manger, dormir.

Huit mois de grands espaces, d’air pur, de nature vierge où l’homme semble être un intrus. Un régal pour les sens.

Huit mois d’itinérance, de nomadisme. Débarrassés du superflu. Légers comme l’air.

Huit mois loin du bombardement permanent des télés, radios, emails. Du temps pour lire, pour penser, pour ne penser à rien, pour divaguer.

Huit mois à voler de montagnes en vallées au gré de nos ailes mécaniques, à la seule force de nos muscles. A l’écoute de notre corps, merveilleuse machine. Comment voyager autrement désormais tant le vélo nous apporte sur un (trois) plateaux, tout ce que nous attendons de cette aventure.

Huit mois et quatre disparitions dans notre famille ou entourage proche. La camarde n’a pas pris de congé sabbatique, elle. On vous embrasse affectueusement Mamo, Doudou, Soisoi, Pierrette, Joël.

Huit mois de rencontres, de gentillesse, de sollicitude. Le voyage devrait être obligatoire pour tuer définitivement la peur de l’étranger !

Huit mois de vie de couple partagée 24h sur 24, dans l’inconfort souvent et la fatigue physique parfois, pour se connaître encore mieux. Pour se redire qu’elle est incroyable de ténacité, de force, de constance d’humeur, qu’elle m’impressionne, et que je l’aime aussi pour ça.

Huit mois d’une vie qui se suffit à elle-même, et qui me remplit complètement.

Huit mois à pleins poumons, huit mois de liberté, huit mois de bonheur.