Après 4 mois de voyage et nos quinze derniers jours de déserts, retrouver le confort du petit village hyper touristique de San Pedro de Atacama, oasis verte plantée au milieu du désert, est bien agréable.

Douillettement installés dans une cabaña du camping Casa Campestre, un peu à l’écart du centre, nous profitons de l’ambiance estivale. 

L’atmosphère y est douce et nous partageons notre farniente avec les autres voyageurs. Morgan et Margaux, jeunes professeures de français en balade pour un an sur le continent, ou encore Albert, venu de Bavière pour trois mois avec sa fille Anja, gravir à ski de randonnée tous les volcans qui se présentent sur leur route.
Au Sud Chili, il paraît qu’on pêche facilement des truites pour le dîner… l’occasion d’une petite leçon pour qu’on puisse s’y essayer dans quelques semaines !

Nous retrouvons les plaisirs culinaires avec notre première parillada de viandes grillées chilienne aux portions plus que généreuses. Mais on abuse surtout des produits frais en préparant salades de fruits, de crudités et autres ratatouilles… un peu dur pour nos estomacs plus habitués aux pâtes, au riz et aux pommes de terre ces derniers mois !

On enfourche tout de même nos vélos pour admirer un levé de soleil sur la vallée de la lune. A cette heure où le site est encore fermé aux véhicules, nous sommes absolument seuls. Le paysage est spectaculaire. La lumière matinale fait ressortir les dunes de sable saupoudrées de blanc de la cordillera de Sal, dans un dégradé de couleurs rouge-ocre.

La vallée de l’Arcoiris nous donne également l’occasion d’une jolie balade. Il nous semble ici voir la Terre dans tous ses états. Canyons et formations rocheuses multicolores vertes, rouges, violettes, jaillissent dans un chaos indescriptible. Comme si un géant avait retourné ce coin de désert à grands coups de bêche !

Après quatre jours, des fourmis dans les jambes, nous reprenons la route direction l’Argentine et Salta. Quand on a goûté aux pistes et aux hautes altitudes, on ne peut plus s’en passer. Nous choisissons donc l’itinéraire reculé du Paso Sico qui nous permettra de goûter une dernière fois le vertige et l’émotion de la solitude dans ces décors uniques au monde. En habitués, nous nous ravitaillons pour les 4-5 jours d’autonomie nécessaires.

La piste nous mène jusqu’à la frontière par une succession de cols entre 4000 et 4600 m. Les paysages sont ici aussi d’une beauté époustouflante. Ils nous offrent des vues superbes sur salars, lagunes, montagnes, et plaines d’altitudes aux couleurs féeriques. On partage nos bivouacs avec les flamands roses, les vigognes… On se régale ! Supplément de bonheur : les pistes sont bien plus roulantes qu’en Bolivie, et les conditions climatiques sont idéales.

Au poste frontière Chili-Argentine, perdus sur un plateau désertique, les militaires nous accueillent comme à l’hôtel. Installés dans un baraquement on dispose d’un bon lit, d’une douche chaude, d’une cuisine…et même du Wifi : le luxe ! C’est là que nous serons sonnés par la victoire de Trump, en compagnie d’Hermann, un mexico-américain qui fait la route en même temps que nous, et qui refuse d’y croire.

Nous rejoignons la civilisation à San Antonio de Los Cobres, cinq jours et 350km après notre départ. Un ultime effort pour franchir le dernier haut col andin de notre balade, et c’est non sans une petite émotion que nous attaquons les 2.900 mètres de descente vers Salta.

S’en est fini de la Puna et des hautes plaines vierges d’altitude. Les pentes se parent de centaines de cardones, une variété de cactus endémique de la région qui peut atteindre plus de 10m de hauteur.

Au fil de notre descente, on prend plaisir à retrouver des arbres, des cours d’eau, des chants d’oiseaux, des odeurs…Nous serpentons au milieu d’une jolie quebrada, dans un décor de far west étonnant, dont les couleurs sont malheureusement peu mises en valeur par un temps maussade.

Après le déjeuner, et déjà 85 kilomètres, le vent bien établi face à nous forcit sérieusement. Il nous oblige à pédaler pour avancer péniblement à 10 km/h malgré la pente. Il cède ensuite la place à la pluie. On branche alors le pilote automatique, et on avale les 50 km suivants sans pause pour gagner la petite ville de Campo Quijano. Il est 17 heures, Salta n’est plus qu’à 30km. Toujours sous la pluie, on décide de poursuivre…A 19 heures, après 165 km, aidés par cette belle descente, nous nous installons à l’auberge de jeunesse Salta por siempre dans notre première cité Argentine.

A mi-parcours, cette étape marque une transition dans notre voyage. Changement de décors avec des paysages qu’on imagine moins minéraux, plus verts et plus habités, mais qu’on espère tout aussi spectaculaires. Changement de culture, en quittant les hautes andes toujours très marquées par la culture indienne, pour des régions aux sociétés plus proches de nos repères européens.

…A suivre…