Le 15 septembre, après quatre jours, deux escales et deux nuits de bus, le « terropuerto » de Cusco nous voit débarquer un peu groggys.

Nous filons à l’auberge « La Estrellita », le lieu de rendez vous des cyclistes de la ville. Adolpho nous accueille chaleureusement. Perclu de rhumatismes, il marche difficilement mais le vieux monsieur garde un regard malin et un esprit vif. Sa grande maison simple et propre, organisée autour d’une cour, à deux pas du centre, offre un refuge idéal pour un prix imbattable aux voyageurs montants ou descendants, qui se croisent à cette étape incontournable du continent.

A la façon des nomades, on y traîne autour d’un thé ou d’un café pour palabrer, se donner des nouvelles de la route, s’échanger des bons plans, parler itinéraire, poids des bagages, équipement… Rencontres simples, chaleureuses, cosmopolites (mêmes si les français sont très représentés), qui laissent derrière elles le goût sucré du partage sans conditions et des amitiés éphémères.

Notre premier contact avec LA grande ville touristique du pays nous donne l’impression d’avoir traversé une déchirure spatio-temporelle. Grouillant de touristes, alignant restaurants, magasins de souvenirs et boutiques de luxe, le centre-ville est une sorte d’OVNI dans le pays que nous traversons. Les prix y sont deux à trois fois plus élevés, que dans les campagnes où nous avons traîné nos roues ces dernières semaines.
Nous déambulons néanmoins agréablement dans ses rues charmantes bordées de belles maisons coloniales et d’authentiques murs Incas. Les ruines proches nous offrent également le fascinant spectacle de ces incroyables ajustements de pierres pesant parfois plusieurs tonnes.

Tout ici fait référence à l’héritage Inca. Les péruviens gardent une grande fierté de cet empire qui régna, construisit et organisa, du sud de l’actuelle Colombie au nord du Chili, avant la conquête espagnole. Même la boisson sucrée nationale s’en est emparé. Malheureusement, en examinant  le dos de l’étiquette on découvre que rien n’échappe aux griffes du géant américain.

Nous organisons notre visite du Machu Picchu pour tenter d’échapper (un peu) au flot touristique. Une journée de vélo nous mène à Ollantaytambo (la seule cité Inca toujours habitée) par les pistes qui dominent la « vallée sacrée » du Rio Vilcanota. Moray, ses terrasses géométriques à la fonction encore mal expliquée, Salinas, ses puits salants déjà exploités par les Incas , … Sous un ciel bleu d’acier le vent pousse paresseusement le cortège des cumulo-nimbus, nos yeux se délectent de la palette de couleurs que nous offre le paysage, et nous nous régalons de la liberté que nous procurent nos vélos (légers !), loin des bus et des visites minutées.

Nous sacrifions ensuite au racket organisé du train qui rejoint Aguas Calientes (120$ AR par personne pour moins de 2 heures de train), vilain village artificiel où pullulent hôtels et restaurants bondés de touristes déguisés en Indiana Jones ; un passage quasi obligatoire pour atteindre le Machu Picchu.

Levés à 4h du mat’ pour atteindre le site à pied à l’ouverture par un escalier de 500 m de haut, nous découvrons dans l’aube naissante le merveilleux promontoire, calé sur un petit col, choisi par les Incas pour bâtir cet ensemble.
Nous profitons pleinement des ruines dans le calme jusqu’à 9h30, qui sonnent le débarquement d’une marée bruyante de doudounes et de perches à selfie !

Une dernière journée à Cusco. Nous planifions plus précisément la séquence sud Pérou – Bolivie de notre périple en compilant la somme d’informations glanée auprès de nos congénères sur deux roues.
Nous achevons également d’écumer les bons restaurants de la ville avant de replonger dans le poulet/riz, avec, en point d’orgue, une raclette (charcuterie d’alpaga, pommes de terres et fromages andins : excellents) au « Buffet Frances », en compagnie de Noémie, Thésée et Rodolphe.