C’est à Cajamarca, agréable ville coloniale, que Pizarro et sa bande de conquistadors ont séquestré, rançonné, puis finalement exécuté le dernier empereur Inca, Atahualpa.

Nous y avons trouvé calme et confort à l’hôtel Los Jasmines et son bar servant d’excellents expressos…Luxe ! C’est un comble, depuis notre départ, dans ces pays producteurs de café, on nous sert neuf fois sur dix de l’instantané.

La visite du site de Cumbe Mayo nous enchante. Sur un plateau à 3.600 m, se dressent des « bosque de piedras », mais surtout, serpente un incroyable aqueduc datant de 3.000 ans. Pour alimenter Cajamarca, il capte un cours d’eau et transgresse la ligne de partage des eaux Pacifique/Altantique. Se jouant ainsi de la topographie, ces  ingénieurs sans outils métalliques, sans roue, sans techniques, ont réussi  l’exploit de concevoir et de réaliser un ouvrage qui ne présente que 2 m de dénivellation sur ses 4 premiers kilomètres.

Nous repartons le lundi 15 août.
Trois journées sans difficultés nous mènent sous le soleil par monts et par vaux jusqu’à Cajabamba, puis Huamachuco dans une montagne-campagne fertile et habitée. L’argile fine et abondante y a concentré les fabriques familiales de briques et de tuiles.

Plus que 180 km pour rallier Trujillo, et un dernier haut plateau à plus de 4000 m à franchir, avant de plonger vers le Pacifique.
Ce massif, riche en minerais, et en métaux précieux, est exploité de tous côtés. Nous cheminons au milieux de dômes littéralement rabotés par les pelles et troués de tunnels. Deux aérodromes ont même été construits pour évacuer les métaux les plus rares !

À plus de 4.000 m, poussés par le vent, comme par une main secourable, aucun signe de mal des montagnes : l’acclimatation a porté ses fruits. Dans ce désert d’altitude inhospitalier notre cœur balance entre malaise et fascination devant cette immensité.

La journée se termine en consommant les 1.000 premiers mètres de notre grande descente pour atterrir chez Yolanda, à Yamabamba. Inquiète de nous voir camper sur la place du village, elle nous installe dans sa cour et nous bivouaquons au milieu des aboiements, caquètements, et grouinements !

90 km, et 3.000 m de descente, voici le programme de cette dernière journée ! On file le long du Rio Moche, de vallées en canyons jusqu’à la plaine morne et sans intérêt qui annonce l’agglomération et Trujillo.

L’arrivée dans la 3ème ville du pays est assez pénible, dans son cortège de klaxons et sa circulation dense et anarchique. Nous avons prévu ici notre première vraie pause pour visiter la ville et profiter de la mer.
Nous débarquons à la « casa de ciclistas », un monument du cyclotourisme créé par Lucho il y a 26 ans pour accueillir (presque) gratuitement les voyageurs qui partagent sa passion.
Trujillo est toute en contrastes. Le centre historique, ses églises et riches palais coloniaux colorés, flottent tel un îlot préservé au milieu de la ville grouillante, sale et bordélique.

Le 20 août, timing parfait, nous sommes à Huanchaco et sa plage de surfeurs, pour fêter les 35 ans de CC au bord du Pacifique. On y passe deux jours : baignades, balades, lecture, glandouille et bons restos de poissons…Il reste toutefois du chemin à parcourir en matière de propreté et d’aménagement pour en faire un endroit de rêve.

Nos compteurs affichent 2.050 km (pile dans les clous de nos prévisions), et plus de 34.000 m de montées. On est en pleine forme, on a laissé sur les routes quelques kilos superflus. Nous nous régalons de cette vie nomade au jour le jour, et de toutes les rencontres et les images qu’elle nous apporte…