Nous passons une agréable journée « tourisme » à Cuenca. La ville nous apparaît étonnamment moderne, presque plus que Quito. Les espaces publics, les magasins, les restaurants, sont quasiment aux standards européens.

Après la visite d’un atelier, on saura désormais que les panamas portent improprement leur nom, car ils sont exclusivement fabriqués en Equateur.

Vendredi 22 matin, nous choisissons des petites routes à l’Ouest de la ville pour rejoindre Cumbe en évitant la Panam’. Celles-ci nous emmènent après Quingeo, sur une belle piste remontant une jolie vallée, où serpente une petite rivière paresseuse.

Ici pas de mécanisation, et pas même d’animaux de trait ou de bât. Les paysans et leurs enfants travaillent avec leurs bras, pour faire pousser du maïs dans des pentes invraisemblables où l’on tient à peine debout. Nous ne sommes pourtant qu’à 30 kilomètres de Cuenca, quel contraste !

Une série de montagnes russes nous attend maintenant pour les cinq jours à venir, jusqu’à Vilcabamba.

Plus d’alternative cette fois à la grande route, mais la Panam’ n’est plus ici que l’équivalent d’une grosse départementale, et la circulation y est très supportable.

Comme depuis le début de notre balade, les conducteurs ne manquent jamais de signaler leur approche ou leur enthousiasme en jouant du klaxon. Sympa, mais un peu usant à la fin !

Nous nous arrêtons devant un groupe de maisons isolées. Rosario nous autorise à planter notre tente chez elle, au milieu de ses poules et de ses chiens, sur un promontoire avec belle vue sur la vallée. Il fait frais ce soir à 3.000 m. On sortira doudounes et bonnets.

Samedi 23, levé à 6h30 (oui oui, même CC), c’est notre rythme depuis Quito. Il faut dire qu’en Equateur, pas de longues soirées d’été. Le soleil se couche à 18h30, donc, surtout quand on campe, c’est dodo tôt !

Le soleil est au rendez-vous ce matin. Quel délice de se chauffer à ses premiers rayons en sortant de la tente.

Le Tanijilla pass (3.450 m) franchi à bon rythme (on commence à avoir des jambes), la route oscille sur la crête dans des panoramas grandioses avant de nous propulser dans les gorges du Rio León, desquelles nous devrons nous extirper pour atteindre Oña, où nous passerons la nuit.

Dimanche 24, nous prévoyons une courte étape pour arriver de bonne heure à Saraguro. Nous repartons pour une partie de yoyo entre 2.000 et 3.000 m.

Nous avons la chance d’arriver pour la sortie de la messe. Nous découvrons les Saraguro descendus des villages alentours parés pour ce jour de marché, de leurs beaux costumes traditionnels.

Les hommes portent une longue natte, pantalon court, veste et chapeau noir. Les femmes arborent une longue jupe noire avec jupons brodée, un gilet, un chapeau blanc ou noir, et une grande quantité de bijoux (colliers, boucles d’oreilles, grande broche fermant leur gilet). Ils ont de l’allure !

Nous arpentons le marché qui mêle les fruits et légumes locaux aux vêtements et ustensiles divers « made in China « .

Plus loin on s’installe devant un match de volley. Autour du terrain c’est l’effervescence avant le début de la partie : on discute, on négocie, on parie, on échange de l’argent. Le filet démesurément haut ne laisse aucune chance de smatcher, mais les joueurs, au physique pourtant peu athlétique nous étonnent par leur mobilité.

On flâne et on profite de l’ambiance dominicale partagée avec les locaux. Très peu de touristes ici.

Lundi 25, à San Lucas, sur la route de Loja, nous nous engageons sur une piste qui constitue à peu près le rêve du voyageur à vélo : une descente tranquille sur 30 km, longeant un torrent clair, le long duquel s’égrènent des villages isolés du monde. Et le tout quasi sans circulation. Cela nous fait ignorer les quelques gouttes de pluie…Le pied !

De Loja, nous rejoignons Vilcabamba par un petit col facile suivi d’une longue descente panoramique. Nous retombons à 1.500 m. Il fait beau, il fait chaud, il y a des fleurs, … la douceur.

Vilcabamba, « El ùnico lugar en el mundo donde es posible dar más años a la vida y más vida a los años », est devenue célèbre pour ses nombreux centenaires, études scientifiques à l’appui !

Devant cette perspective séduisante des retraités du monde entier s’y sont établis. Par extension, c’est un peu devenu la ville du « healthy », du bien être, de la méditation…et des hippies.

Nous nous y installons pour une petite pause de deux jours.

Nous partons découvrir le parc du Podocarpus à cheval, seuls avec notre guide Kichwa. On reste toujours étonnés par le faible nombre de touristes.

Une jolie balade qui nous offre des montées et des descentes impressionnantes (ces chevaux ont le pied montagnard !), un petit tour dans la forêt primaire, et une baignade dans la cascade « El Palto », histoire de nous garantir une vie de centenaire…

Sans oublier des grands galops, chapeaux de cowboys au vent ! Heeeepeeeeee !

C’est agréable de profiter du climat clément (bien qu’encore un peu nuageux) et de la tranquillité de cette petite ville.

Tous les soirs cette semaine, on fête le « Coeur Sacré de Jésus ». Sur la grand place : musique « techno-salsa », « leche de tigre » (cocktail local), et « vaca loca » qui affole la foule avec ses feux d’artifice.

Demain, on reprend la route vers le sud pour rejoindre la frontière Péruvienne qui n’est plus qu’à 150 km…